Comme ailleurs dans le monde, l’agriculture sahélienne est aujourd’hui dominée par les trois grandes céréales : le blé, le riz et le maïs. Bien que vitales pour la sécurité alimentaire des populations, leur hégémonie nuit à l’exploitation des espèces locales, pourtant mieux adaptées aux sols secs et peu fertiles de la région.
Les plantes indigènes du continent africain, comme le sorgho, le fonio ou le mil nécessitent moins de ressources en eau et sont souvent plus riches sur le plan nutritionnel.
Patrimoine naturel et culturel de l’Afrique, ces plantes “oubliées” sont une clé pour lutter contre la faim, la pauvreté et les conséquences du changement climatique. C’est pourquoi SOS SAHEL, forte de ses 48 années d’expériences, se mobilise et mobilise autour d’elle pour faire de ce patrimoine un levier de transformation de l’agriculture africaine.
Les 27 et 28 juin derniers à Dakar, SOS SAHEL a réuni de nombreux acteurs pour deux jours de débats autour des cultures oubliées d’Afrique. Le succès de ces rencontres ont mis en lumière le consensus et les immenses espoirs sur le potentiel de ces plantes, tout en soulignant les défis à surmonter pour en assurer le développement.
Parmi ces défis, deux ont été identifiés comme cruciaux pour réussir.
Les plantes oubliées, sous-utilisées au profit des cultures dominantes, doivent gagner la bataille culturelle dans les foyers et la société. Pour créer une demande sur le marché de l’alimentation et offrir un débouché aux producteurs africains, elles doivent être diffusées à un large public et rentrer durablement dans les habitudes alimentaires.
Les clubs NUTRISCO de SOS SAHEL y contribuent. Mis en place avec succès dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ils sensibilisent les enfants et les familles dans les campagnes à une alimentation équilibrée et variée à travers la création de jardins scolaires pédagogiques.
Les cultures oubliées sont aussi tombées en désuétude en raison des difficultés à les pratiquer. L’exploitation du fonio à titre d’exemple est souvent domestique, pénible et chronophage, favorisant ainsi les cultures importées comme le blé ou le riz.
Face à l’isolement des producteurs, à leur manque de matériel et de formation, SOS SAHEL a créé les Centres de Services Agricoles (CSA). Ces CSA, d’un périmètre de deux hectares forment, équipent à moindre frais et conseillent les producteurs dans leur entreprise. Et ça marche !
A Kédougou, dans le sud-est du Sénégal, près de la frontière Guinéenne, le centre service prévu initialement pour 120 producteurs en accueille aujourd’hui plus de 800 ! Il est devenu un appui essentiel dans l’activité agricole de la région qui a permis d’augmenter significativement la production. Prêt de matériel, formations, conseils, fourniture de semences, transformation de la production de fonio et d’autres céréales grâce aux machines mises à disposition… tout cela à des prix très accessibles.
Le centre de service génère ses propres revenus grâce à la location du matériel et jette ainsi les bases d’une future autonomie. Le projet Djigui Niokolo (espoir à Niokolo), incarne cette vision et met en œuvre l’ensemble de ces initiatives et bien d’autres encore.