Les centres de services agricoles du Sud-Est du Sénégal : un modèle pour mieux produire, mieux vendre, mieux vivre
En Afrique, l’essentiel de la production agricole repose sur les petites exploitations familiales. Ces familles cultivent pour subvenir à leurs besoins alimentaires et vendre leurs surplus sur les marchés. Les revenus ainsi générés couvrent des dépenses essentielles comme la santé ou l’éducation. Cependant, cette activité vitale rencontre de nombreux obstacles, notamment le manque de ressources et d’infrastructures. C’est dans ce contexte que SOS SAHEL et ses partenaires ont créé des Centres de Services Agricoles (C.S.A) au Sud-Est du Sénégal, près de la réserve de Niokolo Koba.
Un quotidien transformé pour Fatoumata
Fatoumata, une agricultrice du village de Tambacounda, est l’une des adhérentes de ces centres. Accompagnée de ses fils, elle pousse une charrette remplie de fonio fraîchement récolté dans le champ familial. Aujourd’hui, elle utilise les machines du C.S.A pour décortiquer et nettoyer ses graines. Ce processus, autrefois long et épuisant, est aujourd’hui réalisé en quelques heures grâce à l’équipement moderne.
Cette transformation ne s’arrête pas là. Fatoumata a augmenté sa surface cultivable et génère désormais des revenus grâce à la vente de son surplus. Ces revenus lui permettent de financer l’éducation de ses enfants et d’envisager un avenir meilleur. « Avant, je craignais de ne pas pouvoir envoyer mon fils aîné au lycée. Maintenant, je sais que c’est possible grâce à mon travail au C.S.A », témoigne-t-elle avec fierté.
Des espaces de rencontre, d’entraide et de développement collectif
Les C.S.A sont à la fois des lieux de partage, de formation et d’entraide. Abou, un agriculteur découragé par une mauvaise récolte d’arachides, a retrouvé espoir grâce au centre. Lors d’une formation dispensée par un ingénieur agronome, il a appris les techniques de rotation des cultures, l’importance d’utiliser des semences de qualité et les méthodes de prévention et de traitement des maladies. Ces connaissances lui ont permis de relancer son activité avec succès.
Ces centres vont bien au-delà de la simple location de matériel. Ils réunissent des agriculteurs souvent isolés et favorisent l’échange d’expériences et de solutions. Cette dynamique collective améliore rapidement les compétences de chaque producteur et contribue à l’augmentation des rendements agricoles.
Comment fonctionnent les C.S.A ?
Actuellement, quatre centres opèrent autour du parc naturel de Niokolo Koba. Gérés comme des coopératives locales, ces centres proposent des services accessibles financièrement. Les revenus générés par les services proposés aux adhérents assurent leur fonctionnement et leur pérennité. Chaque adhérent bénéficie ainsi de services de proximité tout en participant au financement et à la gouvernance des C.S.A.
Un succès relayé à la télévision
Le modèle des C.S.A a été mis en lumière par Canal+ Afrique à travers un reportage au village de Dar Salam. Ce programme a montré comment ces centres, grâce à l’appui de SOS SAHEL et au dynamisme de Boubié Kadio, chef de projet, ont révolutionné la production de fonio, une céréale africaine adaptée au climat et très nutritive. Les surplus des producteurs sont stockés dans les centres en attendant leurs ventes négociées au meilleur prix. Des productions conséquentes qui intéressent de gros clients comme la Compagnie Africaine Agroalimentaire (CAA), spécialisée dans la transformation du fonio au Sénégal.
Durant la période de stockage, les producteurs reçoivent des prêts gagés sur leur stock pour subvenir à leurs besoins essentiels et stabilise leur revenu dans une activité par nature cyclique.
Un avenir prometteur pour les agriculteurs
Ousmane Cissokho, jeune agriculteur, illustre bien cette réussite. Grâce au soutien des experts du C.S.A, il a valorisé 80 kg de fonio pour 32 000 FCFA (environ 50€). Ces revenus supplémentaires permettent d’améliorer la qualité de vie de sa famille, diversifier son alimentation et renforcer l’autonomie économique des agriculteurs. A Kédougou, près de la frontière Guinéenne, le centre de service prévu initialement pour 120 producteurs en accueille aujourd’hui plus de 800 ! Il est devenu un appui essentiel dans l’activité agricole de la région qui a permis d’augmenter significativement la production.
Boubié Kadio résume l’impact des C.S.A : « Ce modèle contribue à la lutte contre l’insécurité alimentaire tout en renforçant des filières agricoles prometteuses au Sénégal. »
Cette initiative témoigne du potentiel immense de la coopération et de l’entraide dans le développement rural. Les Centres de Services Agricoles du Sud-Est du Sénégal incarnent cette approche pour accompagner l’agriculture familiale. En proposant des ressources, des formations et des opportunités de collaboration, les C.S.A renforcent et bonifient les capacités d’une agriculture essentielle à la vie dans la région et qui doit faire face à de nombreux défis.
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