Les régions arides d’Afrique, comme le Sahel, sont en premier ligne du changement climatique. Elles subissent des catastrophes climatiques de plus en plus fréquentes : sécheresses, canicules, inondations. En août dernier, au Mali et au Burkina Faso, des vagues de chaleur extrêmes ont ravagé les cultures, réduit l’accès à l’eau potable et entraîné des pertes considérables en vies humaines et animales.
Plus récemment, au Tchad, au Sénégal et au Niger, des pluies diluviennes ont causé des centaines de morts, détruit des habitations, des infrastructures essentielles, du bétail et des terres agricoles, précipitant des milliers de familles dans la pauvreté. Ces phénomènes extrêmes affectent gravement la sécurité alimentaire et la stabilité économique de millions de personnes.
Une injustice climatique persistante et des financements insuffisants
Lors de la COP29 à Bakou, les pays du Sud ont demandé 1 300 milliards de dollars pour s’adapter au changement climatique. Les pays riches n’ont promis que 300 milliards.
Malgré une responsabilité insignifiante dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre (moins de 1 %), les populations sahéliennes en paient le prix fort et ne disposent que de peu de ressources pour y faire face. Les pays du Nord continuent pourtant de sous-financer les besoins liés au changement climatique des pays du Sud, aggravant une vulnérabilité déjà établie et hypothéquant la prospérité de régions entières du globe. Les pays du Nord doivent agir dans leurs propres intérêts pour éviter des déstabilisations globales qui affecteraient inévitablement l’ensemble des continents.
SOS SAHEL appelle à une coopération internationale
Face aux résultats décevants de la COP29, SOS SAHEL plaide pour une justice climatique urgente envers un continent dont la population atteindra bientôt 2,5 milliards d’individus et dont la moitié sera âgée de moins de 25 ans. Un quart de l’humanité sera africaine en 2050. Les zones arides d’Afrique, en particulier le Sahel, possèdent pourtant un immense potentiel pour devenir des modèles de résilience climatique. Comme le dit Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal » Transformer les zones arides d’Afrique n’est pas seulement un impératif au niveau local, c’est une opportunité pour le reste du monde. En investissant dans des systèmes alimentaires durables, nous libérons le potentiel de ces régions pour nourrir leurs habitants, favoriser l’emploi, et la résilience sur le continent et au-delà. »
Dans cette optique, SOS SAHEL mène des actions de plaidoyer pour alerter les décideurs internationaux et mobiliser l’opinion publique. Nous travaillons sur les forces et les atouts du Sahel dont plusieurs ressources naturelles essentielles méritent d’être explorées.
Notre tribune lors de la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre 2024, explore les liens étroits entre le changement climatique et la sécurité alimentaire dans les régions sahéliennes. Nous y mettons en lumière les solutions proposées par SOS SAHEL pour protéger les moyens de subsistance des populations les plus vulnérables et affronter les défis à venir.
Dans cette même idée, les Africa Days édition 2024 qui se sont déroulés les 27 et 28 juin ont rassembler des institutions, des agriculteurs, des entreprises et des investisseurs pour échanger autour de solutions durables. Les discussions se sont concentrées sur les plantes oubliées africaines et leur rôle dans la sécurité alimentaire et le développement économique des producteurs.
Ces initiatives ne sont qu’une partie de nos efforts pour porter la voix des sahéliens sur la scène internationale.
Et sur le terrain …
SOS SAHEL agit directement aux côtés des communautés sahéliennes pour répondre aux défis climatiques et démographiques qu’elles affrontent de manière spécifique sur la planète. Nos projets s’appuient sur une collaboration étroite avec les associations locales, qui jouent un rôle clé dans la mise en œuvre et la pérennisation des initiatives.
Le renforcement des systèmes agricoles pour répondre à ses défis est un axe prioritaire de SOS SAHEL. Dans une région où plus de 70% des habitants sont dépendants de l’agriculture et de l’élevage pour vivre, le soutien aux petites exploitations souvent familiales est essentiel. La création de centres de services agricoles (C.S.A) permet de rompre l’isolement des producteurs, d’apprendre les uns des autres et de bénéficier de toute une gamme de services à des prix abordables. Les C.S.A accroissent la productivité des agriculteurs, favorisent l’adaptation aux nouvelles conditions climatiques tout en s’appuyant sur les ressources naturelles durables comme le fonio, une plante oubliée d’Afrique. (Lien projet CSA)
En effet, à l’encontre des aprioris et des idées reçues, le Sahel comme toutes les zones arides de la planète, ne sont pas dénuées de ressources naturelles durables. La valorisation des plantes oubliées africaines, ces plantes telles que le fonio, le Karité, la gomme d’Acacia ou le Sorgho offrent des alternatives nutritives et économiques prometteuses aux habitants de la région. Les plantes endogènes sont parfaitement adaptées aux conditions arides. Elles permettent aux communautés de se nourrir et de vendre. Ces revenus essentiels permettent de passer sans encombre les périodes difficiles de soudure et à plus grande échelle de réduire leurs besoins d’importation de produits internationaux comme le blé, le maïs ou le riz.
Pour un changement en profondeur, SOS SAHEL met aussi en place des programmes éducatifs, et des lieux d’échanges et de formation afin de permettre aux enfants, parents, agriculteurs, producteurs, productrices … de développer leurs connaissances et de les mettre en application sous la forme de réelles compétences utiles dans les zones arides.
Le renforcement des capacités de gestion et de gouvernance des communautés locales de leurs propres affaires fait également partie des priorités. L’objectif des actions sont d’êtres durables grâce aux ressources propres financières et humaines du territoire visé. Pour ce faire, SOS SAHEL encourage la mobilisation des communautés locales, dès les études de projet jusqu’à leur gestion et leur évaluation. Les acteurs locaux impliquées deviennent ainsi par la pratique et l’expérience les garants de la pérennité du projet.
L’accès au service de bases comme l’accès à l’eau est une condition essentielle de réussite bien entendu : Nous mettons en place des forages solaires, des systèmes d’irrigation et la réhabilitation de points d’eau essentiels à l’agriculture et aux besoins des populations. Lien projet
Ensemble, nous pouvons construire un avenir durable pour le Sahel et au-delà pour toutes les zones arides de planète qui abritent 2,1 milliards d’êtres humains.
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