Plantes Oubliées d’Afrique : un Levier pour la Sécurité Alimentaire et le Développement Durable

Les plantes oubliées d’Afrique, comme le fonio et le sorgho, peuvent révolutionner l’agriculture. Résilientes, nutritives et adaptées aux conditions climatiques difficiles, elles offrent une alternative durable aux cultures traditionnelles comme le blé, le maïs ou le riz. Un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire, le développement durable et les évènements climatique extrêmes (Sécheresse, inondations) en lien avec la COP29.

L’Afrique est une terre riche en biodiversité, où des espèces endémiques et des variétés locales ont permis aux populations de subvenir à leurs besoins pendant des siècles. Pourtant, beaucoup de ces plantes ont été progressivement délaissées au profit de cultures plus industrialisées et moins adaptées aux conditions locales. Aujourd’hui, face aux crises climatiques et alimentaires, les experts s’accordent à dire que le retour à ces plantes oubliées pourrait être une clé pour renforcer la sécurité alimentaire, promouvoir l’inclusion sociale et préserver la biodiversité.

Les Plantes Oubliées : une Ressource Négligée

Les plantes oubliées, comme le fonio, le sorgho, ou le pois de terre, sont des cultures ancestrales adaptées aux conditions arides du Sahel et d’autres régions subsahariennes. Ces espèces, qui ont peu à peu perdu leur place dans les systèmes agricoles modernes, présentent des avantages incontestables face aux défis actuels.

Le changement climatique affecte durement les régions sahéliennes. La désertification, accentuée par la pression démographique et la surexploitation des ressources naturelles, menace l’équilibre agricole traditionnel. Dans ce contexte, les cultures dominantes comme le maïs ou le riz, nécessitant beaucoup d’eau et de ressources, ne sont plus adaptées à ces conditions difficiles.

Les plantes oubliées, en revanche, se démarquent par leur capacité à résister à la sécheresse, à pousser dans des sols pauvres et à offrir des rendements intéressants sans recours massif aux produits chimiques. En cultivant ces espèces, les agriculteurs peuvent améliorer la résilience de leurs exploitations tout en préservant l’environnement.

Une Solution Face au Changement Climatique

L’un des avantages majeurs des plantes oubliées est leur capacité à s’adapter aux conditions climatiques extrêmes. Le sorgho, par exemple, est capable de pousser dans des sols très secs, avec un minimum d’eau. De même, le fonio, une céréale traditionnelle, nécessite peu d’intrants et pousse rapidement, ce qui en fait une culture idéale pour des cycles courts.

Dans un monde où les sécheresses sont de plus en plus fréquentes, ces plantes apparaissent comme une solution pour garantir la sécurité alimentaire dans les régions les plus touchées par le réchauffement climatique. Elles permettent aussi de diversifier les cultures et de limiter l’érosion des sols, un problème crucial dans des zones où la déforestation et la désertification progressent rapidement.

Une Source de Nutrition Inégalée

Sur le plan nutritionnel, les plantes oubliées surpassent souvent les cultures dominantes. Riches en nutriments essentiels, elles offrent une alimentation plus saine et plus diversifiée. Les légumineuses, comme le pois de terre, sont particulièrement intéressantes. Ce petit haricot, cultivé principalement en Afrique de l’Ouest, est une source importante de protéines, de vitamines et de minéraux. Il est largement utilisé dans les régimes locaux pour compléter l’apport nutritionnel des céréales comme le mil ou le fonio.

Ces cultures offrent aussi des perspectives intéressantes pour lutter contre la malnutrition, un fléau qui affecte encore des millions de personnes en Afrique subsaharienne. En promouvant ces plantes, SOS SAHEL et ses partenaires s’efforcent d’améliorer la santé des populations rurales, tout en favorisant des régimes alimentaires plus durables et moins dépendants des produits importés.

Un Impact Économique et Social Positif

Au-delà de leurs bienfaits pour l’environnement et la nutrition, les plantes oubliées ont un fort potentiel économique. Leur valorisation permet de créer des opportunités pour les agriculteurs locaux, en particulier pour les femmes, qui jouent souvent un rôle central dans leur culture. En intégrant ces plantes dans les systèmes agricoles et en stimulant leur commercialisation, il est possible de générer des revenus supplémentaires pour les communautés rurales.

Lors des Africa Days 2024, organisés par SOS SAHEL à Dakar, les discussions ont porté sur l’importance de promouvoir ces espèces au niveau local et international. Les participants ont souligné la nécessité de créer une demande pour ces produits en valorisant leurs atouts nutritionnels et environnementaux. Selon Rémi Hémeryck, Délégué Général de SOS SAHEL, ces plantes offrent une opportunité unique pour renforcer la souveraineté alimentaire du continent et réduire sa dépendance aux importations .

En favorisant leur commercialisation, notamment à travers des initiatives locales comme celle de Diao Fatou Kede, qui a créé une coopérative pour valoriser les céréales locales dans des restaurants traditionnels, il est possible de renforcer l’économie rurale tout en préservant un patrimoine culinaire riche.

L'Inclusion Sociale au Cœur du Développement

Un autre aspect clé des plantes oubliées est leur rôle dans l’inclusion sociale, notamment celle des femmes. Dans de nombreuses régions d’Afrique, ce sont elles qui cultivent et transforment ces plantes. En promouvant leur production, on leur offre non seulement des opportunités économiques, mais aussi une reconnaissance sociale accrue.

Les Africa Days 2024 ont mis en lumière l’importance de soutenir ces initiatives féminines, en leur fournissant des infrastructures, des semences de qualité et un accès au marché. En investissant dans la formation et l’accompagnement des femmes rurales, il est possible de les aider à prendre part à des chaînes de valeur durables et équitables.

Préserver la Biodiversité pour les générations futures

La valorisation des plantes oubliées contribue également à la préservation de la biodiversité. En cultivant des espèces locales, mieux adaptées aux sols et aux conditions climatiques d’Afrique, les agriculteurs peuvent réduire leur dépendance aux produits chimiques et favoriser un retour à des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.

Dans le monde et aussi en Afrique, de nombreuses terres agricoles ont été appauvries par des pratiques intensives qui favorisent l’utilisation d’engrais et de pesticides. Les plantes oubliées, grâce à leur résistance naturelle aux maladies et aux parasites, peuvent aider à inverser cette tendance en réintroduisant des méthodes plus durables. Par exemple, le pois de terre et d’autres légumineuses sont connues pour enrichir le sol en azote, améliorant ainsi sa fertilité à long terme.

Une Alliance pour le Futur de l'Agriculture Africaine

La mise en avant des plantes oubliées nécessite un effort collectif. Lors des Africa Days 2024, l’Alliance des Cultures Oubliées a été officiellement lancée. Cette coalition regroupe des chercheurs, des agriculteurs, des entrepreneurs et des décideurs politiques autour d’un même objectif : promouvoir la production et la consommation de ces plantes en Afrique​.

L’alliance ambitionne de créer un écosystème favorable au développement des plantes oubliées, en stimulant la recherche, en renforçant les capacités des agriculteurs et en facilitant leur accès aux marchés. Avec l’appui de SOS SAHEL, cette initiative pourrait bien transformer l’agriculture africaine et offrir des solutions durables face aux défis climatiques et alimentaires​.

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