Guerre en Ukraine : comment prévenir les crises alimentaires ?

Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso… sur l’ensemble de la région, plus de 38 millions de personnes sont exposées à la faim et la malnutrition. En 2022, pour la troisième année consécutive, le niveau d’alerte est particulièrement élevé au Sahel.

Parmi les causes il y a la guerre en Europe qui entraine la rupture du marché et la hausse des prix.
Selon un article du journal Le Monde Afrique : « Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, deuxième exportateur mondial après la Chine, les prix des intrants ont doublé, voire triplé. Au Burkina Faso notamment, la pénurie d’engrais menace les futures récoltes et la sécurité alimentaire…Les paysans craignent des conséquences catastrophiques pour la campagne agricole, déjà gravement impactée par les crises sécuritaires, les effets du changement climatique et les répercussions de la crise du Covid-19. »

Pour que les systèmes alimentaires soient moins dépendants des importations, il est urgent de restaurer les terres dégradées du Sahel afin de produire plus localement.

Au Burkina Faso par exemple, avec son programme Beog Puuto signifiant « Les champs de l’avenir » en langue mooré, SOS SAHEL et ses partenaires restaurent des terres dégradées depuis maintenant trois ans. Parmi les réussites, l’utilisation de techniques comme le bocage sahélien a rendu de nombreuses terres en bonne santé.

Depuis 25 ans, notre partenaire local l’ONG TERRE VERTE expérimente des techniques pour refertiliser les terres du Sahel. Cette association a développé une approche pragmatique en mettant en place des périmètres bocagers. Ce dispositif appelé « ruissellement zéro » permet une végétalisation de l’espace rural sahélien et sa reconquête par les paysans.

 » La méthode du bocage sahélien consiste en un maillage de haies vives entourant chaque champ, doublées de diguette en terre. Ces haies vives permettent de garder la totalité de l’eau pluviale dans chaque champ. Il s’agit d’une technique globale qui permet aux agriculteurs de cultiver leurs terres, faire de l’élevage et pratiquer l’agroforesterie. Le terrain est protégé, et grâce à l’apport de matières organiques, les rendements augmentent. Par exemple, pour la culture du sorgho, nous sommes à 2 tonnes/ha alors que la moyenne nationale est de 800 kg/ha. Par ailleurs c’est une zone où la production d’herbe est importante ce qui fournit une bonne quantité de fourrage pour l’élevage des animaux qui sont ainsi mieux nourris et en bonne santé. », explique Seydou Kaboré, le directeur de la Ferme pilote de Guié-TERRE VERTE.

L’agroforesterie consiste à associer sur une même parcelle, arbres, cultures ou animaux. Réintroduire des arbres permet de retenir l’eau, de restaurer la fertilité des sols et grâce à l’apport de matière organique d’augmenter les rendements des cultures.

L’agroforesterie constitue une alternative intéressante pour résoudre certains problèmes de fertilisation avec des terres qui demandent moins d’intrants.

Un développement moins dépendant de l’extérieur est ainsi mieux préparé
à supporter les chocs sur les marchés internationaux.

 

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