Ce jeudi 17 juin est la journée internationale de lutte contre la désertification et la sécheresse. Un phénomène aux lourdes conséquences pour les populations touchées. Mais des solutions existent, pour peu d’accepter de travailler avec les communautés locales, premières concernées, et de disposer des ressources financières indispensables à leur mise en place.
Retour sur un phénomène aux conséquences dramatiques
L’appel des Nations unies est un cri d’alarme au regard de la situation écologique mondiale. Seuls 3 % de la surface terrestre sont « écologiquement intacts ». L’organisation internationale s’intéresse particulièrement aux écosystèmes profondément touchés par le bouleversement climatique, les changements d’usage des terres et la surexploitation des ressources.
Déjà en 2018, la Banque mondiale indiquait que l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et l’Amérique latine étaient particulièrement touchées par ce phénomène : « Si l’on n’agit pas de toute urgence contre le changement climatique et pour le développement, ces régions pourraient être globalement confrontées à la présence de plus de 140 millions de migrants climatiques internes d’ici 2050. Des habitants forcés de se déplacer en raison des sécheresses, des mauvaises récoltes, de l’élévation du niveau de la mer et de l’aggravation des ondes de tempêtes ».
La dégradation des terres agricoles, dont dépendent 2 milliards de personnes, réduit les rendements des cultures et du bétail.
Au Sahel, ce phénomène est particulièrement inquiétant. 80% des habitants des zones rurales vivent de l’agriculture. D’où l’existence permanente de conflits entre communautés sur les surfaces agricoles, la présence presqu’endémique de la pauvreté, de l’insécurité, des crises alimentaires, et de l’immigration clandestine. Aujourd’hui, plus d’1 Sahélien sur 10 se retrouve en situation d’insécurité alimentaire.
Soutenir les populations en première ligne
L’Organisation des Nations unies appelle à la restauration de 1 milliard d’hectares de terres au cours de la prochaine décennie, soit une surface équivalente à la superficie de la Chine.
Il y a quelques années, lorsque l’Initiative de la Grande Muraille Verte a été lancée, avec l’objectif de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées, Rémi Hémeryck, Délégué général de SOS SAHEL, prévenait : « Il s’agit d’un grand projet. Mais il ne réussira que s’il est conduit en partenariat avec les communautés locales avec lesquelles nous travaillons. Si on veut que la muraille perdure, il faut intéresser les populations concernées aux décisions. »
Sur le terrain au Burkina-Faso, une productrice du nom de Marie, se dit confiante : « Nous avons réussi à transformer l’environnement assez rude en un environnement de production, avec l’appui de techniques comme les demi-lunes qui permettent de quadrupler les rendements de céréales ».
SOS SAHEL accompagne également les populations pauvres, limitrophes du parc national de Niokolo-Koba (Tambacounda, Kédougou et Kolda), au sud-est du Sénégal. 25.000 villageois seront impactés durablement par cet important projet dénommé « Djigui Niokolo ». 1 200 hectares de terres dégradées seront restaurés et aménagés pour la production de fonio. On estime qu’au moins 10% des ménages identifiés comme « très pauvres » dans les 45 villages ciblés, passeront à une catégorie supérieure (pauvre, moyen, nantis) d’ici 3 ans.
En réponse à l’appel de l’ONU pour sauver la terre nourricière, SOS SAHEL lance sa campagne de solidarité « Une terre, un avenir » contre la désertification le 17 juin 2021, Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse.
Appelant à un sursaut international, le fondateur de SOS SAHEL, Léopold Sédar Senghor clamait en 1976 : « Il faut arrêter le désert, sinon il chassera de chez eux 30 millions d’Africains » .
La restauration des terres est donc une question existentielle pour la paix et une meilleure vie sur terre. Un bouclier contre la faim et le terrorisme.