Le mois dernier, lors du Salon de l’Agriculture à Paris, le délégué général de SOS SAHEL, Rémi Hémeryck, a participé à la conférence intitulée “La Grande Muraille Verte face aux défis de la diversité des terroirs sahéliens : la nécessaire mobilisation de toutes les expertises ” organisée par le CIRAD (organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale).
La Grande Muraille Verte propulse le Sahel au premier plan de la lutte contre la désertification où la dégradation des terres affecte 135 millions de personnes dans leur vie quotidienne. Loin d’une simple barrière végétale destinée à arrêter l’avancée du désert, la Grande Muraille Verte est constituée d’une mosaïque d’actions qui a pour vocation de lutter contre le changement climatique, l’insécurité alimentaire et de créer de l’emploi dans une région du monde où la population doublera à l’horizon 2050. Ce projet panafricain contribue aux grands objectifs de l’agenda 2063. Selon l’ONU : « C’est l’un des projets cruciaux pour l’avenir de l’Humanité ».
Lors de cette conférence, plusieurs points ont été avancés afin d’améliorer l’efficacité des projets en cours mis en place dans 13 pays. Un constat unanime se dégage pour une accélération de la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte. Monsieur Karim Lomboza Kondé, maire de la ville de Dédougou au Burkina Faso et intervenant lors du débat, appelle à une mobilisation de l’ensemble des acteurs pour capitaliser les expériences avec la nécessité d’intégrer l’ensemble de la communauté scientifique, ce qui permettra à la Grande Muraille Verte de produire une véritable expertise.
Adaptation locale et gouvernance participative : les clés d’une initiative durable
Pour Rémi Hémeryck, délégué général de SOS SAHEL, l’adaptation de nos actions aux différentes situations du terrain doit être améliorée. En effet, il n’existe pas de solution qui puisse s’appliquer partout. Nous devons répondre précisément aux besoins divers de chaque territoire et de chaque population qui y réside. Il faut considérer le Sahel comme un espace aussi diversifié que l’Europe. Le développement des territoires doit donc nécessairement être impulsé par les acteurs locaux, ce qui implique une planification locale pilotée par les collectivités territoriales.
Pour SOS SAHEL, c’est devenu une évidence. Ici, comme ailleurs, pour des raisons de légitimité, de durabilité et d’efficacité, les Communautés locales doivent porter les initiatives qui influenceront leur avenir. Une démarche participative est donc systématiquement adoptée sur le terrain avec l’aide d’outils de concertation.
Au Sénégal par exemple, SOS SAHEL et ses partenaires ont mis en œuvre Djigui Niokolo (« espoir à Niokolo »), une initiative commencée en 2022. Elle vise à renforcer la sécurité alimentaire de la population habitant autour du parc naturel de Niokolo, dans le Sud-Est du Sénégal. Avec les collectivités locales compétentes, l’une des premières actions a été d’identifier toutes les forces vives du territoire et de leur proposer une concertation sur les modalités du projet. Une équipe locale s’est alors constituée pour évaluer le projet à chaque étape. L’objectif de cette approche est de renforcer la gouvernance locale. Cette initiative permet de développer une agriculture familiale durable et plus résiliente auprès de 1 200 producteurs grâce à l’agroforesterie et à des systèmes agro-sylvo-pastoraux plus adaptés au changement climatique. C’est en conciliant la gestion des ressources naturelles et les activités humaines que les terres en sortiront plus fertiles et en accord avec la biodiversité. Cette initiative crée de nouvelles opportunités économiques, notamment pour les jeunes et les femmes, en renforçant la filière « fonio ».
Investir sur l’avenir : l’Agenda 2063 et la nécessité de voir sur le temps long
Pour Rémi Hémeryck, nous devons également être ambitieux et constant dans les appuis apportés. « Il faut privilégier des programmes sur le long terme, dans une perspective de 15 à 20 ans ». L’approche classique n’est plus adaptée face à ces nouveaux enjeux. Les plans d’investissement doivent s’imbriquer dans les grands objectifs de l’Union Africaine à travers l’Agenda 2063.
Ces actions concertées et durables peuvent alors transformer un territoire qui pourra en retour nourrir ses habitants, leur offrir une vie digne et un avenir à leurs enfants tout en contribuant de manière décisive à la lutte vitale et commune contre le réchauffement planétaire.
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