D’après la loi, depuis 2017 au Niger les filles doivent aller à l’école jusqu’à 16 ans. Mais cette loi n’est ni appliquée ni respectée.
« Je veux étudier pour devenir une personne avec de grandes responsabilités et m’occuper de mon village », dit une jeune Nigérienne de 13 ans. « Je veux enseigner et servir de modèle aux autres filles et ma cousine rêve de devenir médecin. », insiste sa copine.
Elles veulent devenir médecin, enseignante ou femme d’affaires prospère, cependant comme elles l’ajoutent ensuite : « Mais ce sont nos parents qui prennent les décisions finales, ce sont eux qui décident si nous devons aller à l’école. ».
Le Niger, qui compte 20 millions d’habitants, figure en troisième place des pays dans lesquels les jeunes filles sont le moins scolarisées, après le Soudan du Sud et la Centrafrique. Seulement une fille sur deux va à l’école primaire, une fille sur dix accède au collège, et une fille sur cinquante atteint le lycée.
Dans la région de Tillabéry, le plateau de Ganguel, bien que situé à quelques kilomètres de la capitale Niamey, constitue un territoire profondément rural, où la faible scolarisation se fait particulièrement sentir. Si 50% des jeunes filles ont accès aux écoles primaires du plateau, parfois dans des conditions sommaires (classes sous paillote, écoles non électrifiées, absence de latrines), seulement 16% d’entre elles accèdent au collège de Saga Fondo.
De nombreux défis sont à relever, particulièrement en termes d’infrastructures, puisque près de la moitié des salles de classe mises à disposition des élèves et des enseignants sont en paillottes, et seulement une école sur 10 bénéficie de latrines.
A ce manque d’infrastructures, s’ajoutent les croyances traditionnelles et religieuses de leurs communautés. En effet, et plus particulièrement dans les communautés rurales, les jeunes filles sont destinées à se marier jeunes, et à s’occuper des tâches ménagères et des enfants. Ainsi, aujourd’hui 75% des jeunes Nigériennes sont mariées avant l’âge de 18 ans. Dans ce contexte, l’éducation des jeunes filles ne constitue pas une priorité pour leurs familles, qui bien souvent très pauvres, voient en ces mariages une manière de diminuer leurs dépenses.
SOS SAHEL contribue depuis 2019 au programme « Dignité pour les femmes » mis en place par l’AMADE (l’Association Mondiale des Amis de l’Enfance), dédié à la protection des jeunes filles et à leur accès à l’éducation secondaire.
Des salles de classes en dur ont été construites pour remplacer les paillottes ainsi que des latrines.
L’accès aux toilettes est un enjeu majeur pour maintenir les jeunes filles scolarisées.
Souvent, ces dernières sont contraintes de rentrer chez elles, à plusieurs kilomètres, par honte de faire leurs besoins en pleine nature. Généralement, elles ne reviennent pas.
Et lorsqu’elles deviennent adolescentes, elles sont nombreuses à ne plus oser aller à l’école pendant leur cycle menstruel et, très souvent, elles finissent par prendre du retard dans leurs études, voire par complètement abandonner leur scolarité.
A ce jour, sur le plateau du Ganguel :
- 6 salles de classes dans les écoles primaires de Daraina, Sétoré et Karey Gorou et 4 salles de classe au collège de Saga Fondo ont été construites et équipées.
- 3 blocs de latrines dans les écoles primaires de Sétoré et de Daraina, et au collège de Saga Fondo ont été construits.
- L’école de Kosseye et le collège de Saga Fondo disposent de point d’eau. Le collège sera par ailleurs raccordé au réseau national d’électricité.
Aujourd’hui, dans la région de Tillabéry, à la suite de la mise en œuvre du programme qui couvre le cycle primaire et le premier cycle :
Le taux de scolarisation en primaire atteint aujourd’hui 90%. Et 50% des écoliers sont des écolières ! On compte 1 060 élèves dans les quatre écoles de Sétoré, Kosseye, Karey Gorou, Daraina), dont 528 filles. Ce taux est de 50% au secondaire, et près de la moitié sont des filles. Parmi elles, 50% obtiennent leur diplôme du secondaire. On compte 497 élèves au sein du collège de Saga Fondo, dont 190 filles.
En complément de ces infrastructures, les membres d’associations de développement local ont été formés pour sensibiliser la communauté (leaders communautaires, chefs de village…) à la scolarisation des jeunes filles et à la lutte contre les mariages précoces et forcés.
« Eduquer une fille c’est éduquer tout un village. » Certes, mais au-delà de ce proverbe, tout enfant et tout adolescent, filles et garçons, toutes et tous ont le droit d’aller à l’école.
Tout comme la santé, la formation et l’éducation représentent un volet fondamental de notre mission.