
Tout au long de la journée, les visiteurs ont été invités à découvrir la diversité et le potentiel des plantes sahéliennes.17 juin 2025, Serres d’Auteuil, Paris (SOS SAHEL)
Les Serres d’Auteuil, magnifique jardin botanique, ont accueilli un évènement unique en France, sous un soleil “sahélien” le 17 juin 2025. Partage, découverte et sensibilisation étaient au cœur de la journée organisée par SOS SAHEL et la Ville de Paris, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse. Sur le thème « Des plantes oubliées pour réparer les terres et nourrir l’avenir », l’événement a rassemblé un large public autour d’activités variées, à la fois pédagogiques, culinaires et riches de découvertes du milieu sahélien.
Un atelier pour éveiller les consciences dès le plus jeune âge
La journée a commencé avec les plus jeunes. Un groupe scolaire a participé à un atelier pédagogique immersif, à la découverte de quatre plantes emblématiques du Sahel : le fonio, le baobab, le karité et l’acacia. Grâce à un jeu de piste sensoriel mêlant observation, dégustation et énigmes, les enfants ont pu explorer les usages alimentaires, médicinaux et culturels de ces espèces. Une manière concrète et ludique de sensibiliser à la biodiversité sahélienne et aux effets de la désertification.

Une table ronde pour croiser les regards
L’après-midi s’est poursuivie avec une table ronde qui a réuni intervenants scientifiques, institutionnels et acteurs de terrain. La judokate Asmaa Niang, Championne de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), a ouvert les échanges avec un message fort : « Chaque minute, nous perdons l’équivalent de 11 stades de France à cause de la dégradation des terres ». Un rappel percutant démontrant l’ampleur de la crise environnementale et l’urgence d’agir.

Les échanges qui ont suivi ont mis en lumière des solutions concrètes. Le Professeur Michel Ghanem du Cirad, a rappelé la nécessité de diversifier les cultures et de valoriser les espèces locales pour renforcer la résilience des systèmes agricoles dans les zones arides. Il a souligné le potentiel agronomique et nutritionnel de nombreuses espèces souvent négligées.
Rémi Hémeryck, Délégué général de SOS SAHEL, a partagé l’expérience de terrain de l’organisation : appui aux producteurs, techniques de restauration des sols, gestion de l’eau et gouvernance locale. Il a également mis en avant l’importance de soutenir les organisations paysannes dans leurs efforts d’adaptation et de diversification. Régis Crisnaire, Conservateur du Jardin botanique de Paris, est revenu sur le partenariat de longue date avec SOS SAHEL. Il a évoqué la place singulière de la Serre sahélienne, intégrée au Jardin des Serres d’Auteuil depuis 2003, comme un espace d’éducation et de dialogue entre les territoires. Il a évoqué, en avant-première, le futur parcours de la Serre sahélienne, pensé comme une immersion progressive dans les réalités du Sahel. Le parcours racontera le Sahel en trois temps : d’abord aride et sableux, tel qu’on l’imagine souvent, puis en pleine transition grâce aux actions de la Grande Muraille Verte, avant de révéler un Sahel productif, vivant et nourricier, réaménagé par les communautés locales. Ce cheminement invitera à découvrir un territoire en mutation, porteur d’espoir et de résilience.
Une immersion sensorielle au cœur des richesses sahéliennes
Tout au long de la journée, les visiteurs ont été invités à découvrir la diversité et le potentiel des plantes sahéliennes à travers un parcours sensoriel et engagé. Les visites guidées des serres Afrique et Sahel ont permis d’observer de près des espèces emblématiques et de mieux comprendre leur rôle essentiel dans la résilience des territoires face à la désertification.
Cette exploration végétale se prolongeait dans le Jardin avec un marché rassemblant des entrepreneures de la diaspora africaine, venues valoriser ces plantes sous d’autres formes : SIMEL by MarLiz proposait des cookies sans gluten à base de mil, fonio et sorgho. Nima Fairly présentait ses superaliments et cosmétiques éthiques et Dakar Passion faisait découvrir des saveurs d’Afrique de l’Ouest à travers une sélection de mets et d’épices. Chaque stand illustrait la capacité des produits bruts sahéliens à se réinventer, entre tradition et innovation. Un stand SOS SAHEL permettait par ailleurs d’en apprendre davantage sur les projets portés par l’organisation pour soutenir les filières locales et renforcer la sécurité alimentaire.

En fin de journée, cette mise en lumière des plantes oubliées trouvait un écho raffiné et festif dans un cocktail sahélien imaginé par la cheffe Anto Cocagne. Le menu célébrait les
ingrédients du Sahel – fonio, niébé, moringa, baobab – via des créations originales, mêlant audace gastronomique et respect des racines. Une manière délicieuse de clore la journée en montrant que ces plantes sont aussi sources de plaisir, de transmission culturelle et d’avenir pour les cuisines africaines.
À LIRE AUSSI