Face aux défis du changement climatique, la désertification au Sahel s’aggrave. Découvrez comment le projet ALBIA de SOS SAHEL apporte des solutions concrètes pour restaurer les terres, soutenir les agriculteurs et s’adapter aux évènements climatiques extrêmes comme les sécheresse et les inondations en lien avec la cop 29. Agroforesterie, formation des acteurs, sécurité alimentaire : un modèle à suivre pour un avenir durable.
Les récentes inondations au Sahel et dans le monde ont mis en évidence l’urgence d’agir face au changement climatique. Le projet ALBIA de SOS SAHEL, en ligne avec les objectifs de la COP29, propose des solutions concrètes pour lutter contre la désertification et renforcer la résilience des communautés locales. Grâce à l’agroforesterie et à des pratiques agricoles durables, le projet contribue à améliorer la sécurité alimentaire et à adapter l’agriculture aux défis climatiques et anthropiques.
Le phénomène de la désertification représente l’un des plus grands défis contemporains, impactant des millions de vies, notamment dans les régions sahéliennes d’Afrique. Cette région aride, située au sud du désert du Sahara, est confrontée à une dégradation continue de ses terres, exacerbée par le changement climatique et les pratiques agricoles inadaptées. Cependant, loin d’être une fatalité, des solutions existent.
1 – La désertification : un défi global
Selon les Nations Unies, près de 40% des terres émergées de la planète sont dégradées, affectant directement près de la moitié de la population mondiale. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, la désertification est souvent perçue comme une simple avancée des déserts, avec des dunes de sable envahissant des terres fertiles. Cette vision est trompeuse. En réalité, la désertification est un processus plus vaste, touchant non seulement les écosystèmes, mais également les moyens de subsistance des populations, compromettant leur sécurité alimentaire et augmentant leur vulnérabilité économique.
Dans le Sahel, cette réalité est encore plus frappante. La désertification y est exacerbée par des conditions climatiques extrêmes, caractérisées par des sécheresses fréquentes et une pluviométrie imprévisible. Ces facteurs, combinés à des pratiques agricoles souvent inadaptées, entraînent une dégradation rapide des sols, la raréfaction de l’eau et avec, une hausse de la pauvreté. En effet, la désertification au Sahel est l’une des principales causes des migrations forcées, forçant des milliers de familles à quitter leurs terres en quête de meilleures conditions de vie. Cela aggrave une situation déjà précaire, où l’accès aux ressources naturelles devient de plus en plus difficile, menaçant la stabilité des communautés locales.
2 – Le projet ALBIA : des solutions locales au cœur de la lutte contre la désertification
Face à cette menace croissante, SOS SAHEL a lancé le projet ALBIA au Tchad, une initiative innovante visant à restaurer la biodiversité tout en soutenant les populations locales dans leurs efforts pour améliorer leurs conditions de vie autour de la réserve de Ouadi Rime et Ouadi Achim dans le centre du pays. Ce projet, réalisé en partenariat avec des acteurs internationaux comme la Banque mondiale, se distingue par une approche intégrée qui combine des actions écologiques et économiques. Son objectif principal est d’apporter des solutions durables aux défis complexes posés par la désertification.
Régénération des terres et préservation de la biodiversité
L’une des initiatives clés du projet ALBIA est la restauration des terres dégradées grâce à l’agroforesterie et à des techniques de régénération naturelle assistée. En effet, les sols dégradés du Sahel ont besoin de méthodes de restauration qui allient respect de la biodiversité et durabilité. 55 745 arbres ont été plantés dans les régions autour des villes de Djedda, Salal et Arada, créant ainsi des barrières protectrices sous forme de haies vives. Ces haies jouent un rôle essentiel : elles protègent les sols contre l’érosion, aident à la rétention de l’eau et favorisent la régénération de la végétation locale.
Cette initiative ne se limite pas à une simple plantation d’arbres, mais inclut également la promotion de techniques agricoles durables telles que l’agroforesterie. Cette approche permet de cultiver des plantes sous la couverture des arbres, créant ainsi un environnement qui améliore la productivité agricole tout en préservant l’écosystème.
Soutien aux communautés locales : l’implication des femmes et des jeunes
Le projet ALBIA met un accent particulier sur l’implication des femmes et des jeunes, qui jouent un rôle clé dans la production agricole au Sahel, ils sont des acteurs essentiels du changement. Le projet a permis la création de champs-écoles, où les producteurs locaux reçoivent une formation sur les pratiques agricoles durables. Dans chaque champ-école, plus de 50 producteurs, dont une majorité de femmes, ont été formés à des techniques modernes de production, de gestion de l’eau et de conservation des ressources naturelles.
Grâce à ces formations, les communautés apprennent à adopter des pratiques agricoles plus résilientes, telles que l’utilisation de l’irrigation goutte à goutte, qui permet une meilleure gestion de l’eau, et la réduction de l’utilisation d’intrants chimiques. Ces techniques favorisent une production agricole plus respectueuse de l’environnement, tout en garantissant des rendements plus élevés, même dans des conditions climatiques difficiles.
Sécurisation de l’accès à l’eau
L’accès à l’eau est un enjeu crucial dans les zones arides du Sahel. Dans le cadre du projet ALBIA, six forages ont été réalisés dans les zones d’intervention, notamment à Djedda, Salal et Kouba Oulanga. Ces forages, combinés à des systèmes d’irrigation goutte à goutte, permettent une gestion plus efficace de l’eau dans l’agriculture. L’accès à cette ressource essentielle est un facteur clé pour garantir la survie des cultures et, par extension, des communautés locales.
L’eau n’est pas seulement utilisée pour l’agriculture, elle est aussi vitale pour l’élevage et pour l’approvisionnement en eau potable des villages.
Grâce à ces infrastructures, les populations locales peuvent désormais espérer des récoltes plus régulières et une amélioration de leurs conditions de vie.
Amélioration des revenus et sécurité alimentaire
Au-delà de la restauration des terres, le projet ALBIA a un impact direct sur la sécurité alimentaire et les revenus des habitants. En favorisant la diversification des cultures locales, telles que la tomate, l’oignon et le gombo, les communautés peuvent non seulement subvenir à leurs besoins alimentaires, mais aussi générer des revenus supplémentaires. Cette diversification permet de réduire la dépendance à quelques cultures et d’augmenter la résilience face aux fluctuations climatiques.
La valorisation des filières locales performantes telles que le sésame, le mil et le kawal (un condiment à base de feuilles fermentées) a également permis de dynamiser l’économie locale. En renforçant les chaînes de valeur de ces produits, le projet contribue à augmenter les revenus des familles, à réduire la pauvreté et à améliorer la nutrition des populations locales.
3 – L’avenir du Sahel grâce à un engagement collectif
Le projet ALBIA, intégré aux initiatives de la Grande Muraille Verte, incarne la philosophie de SOS SAHEL en proposant des solutions locales face à des défis globaux tels que la désertification.
En offrant une réponse concrète et durable aux bouleversements climatiques croissants dans la région, ALBIA permet aux communautés sahéliennes d’envisager un avenir plus durable et prospère. Ce projet contribue à la protection de l’environnement, à la promotion de la paix et à la restauration des terres.
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