
Pendant cinq jours, plus de 6 000 visiteurs ont découvert, goûté et échangé autour de plantes ancestrales comme le fonio, le pois de terre (Bambara), le baobab ou le sorgho, riches en nutriments et adaptées aux climats des régions africaines.
Ce Village n’était pas seulement une expérience gastronomique : il a réuni chefs, scientifiques, producteurs et jeunes entrepreneurs pour rappeler comment ces cultures peuvent devenir les piliers d’une alimentation africaine saine, souveraine et résiliente. Chaque atelier, démonstration et table ronde a exploré le potentiel de ces plantes pour renforcer la sécurité alimentaire, soutenir la souveraineté du continent et créer des marchés durables.

Le Manifeste de Dakar 2025 : agir pour l’Afrique
Le point d’orgue de l’édition 2025 a été la publication du Manifeste de Dakar 2025, un texte fédérateur qui traduit en actions concrètes la vision d’une Afrique capable de nourrir ses populations grâce à ses propres ressources. Le Manifeste appelle à :
- Changer les perceptions et valoriser ces cultures dans la vie quotidienne, les médias et la gastronomie
- Soutenir la production locale, en particulier les femmes et les jeunes, avec un meilleur accès aux semences et à la formation
- Investir dans la recherche et l’innovation pour développer des produits transformés compétitifs
- Intégrer ces cultures aux politiques agricoles, nutritionnelles et climatiques
- Renforcer les chaînes de valeur locales et régionales pour créer des marchés équitables, durables et inclusifs
Comme le dit le Manifeste : « L’Afrique ne demande pas à être nourrie, elle nourrit déjà. Ensemble, faisons des cultures oubliées les cultures de demain. »

« Aujourd’hui, la tendance est de se tourner principalement vers les cultures dominantes importées. La diversité des aliments dans l’assiette
est alors restreinte, ce qui entraîne des carences alimentaires, surtout chez les enfants. Pourtant, dans le passé, quand les productions locales faisaient partie de l’alimentation quotidienne, elles permettaient d’apporter une plus grande diversité de nutriments, nécessaires à la croissance et à une bonne santé. Promouvoir ces cultures renforcera notre souveraineté alimentaire et la résilience de nos communautés face aux chocs climatiques et économiques. » – précise Guillaume Doulkom, directeur pays de SOS SAHEL au Burkina Faso, lors de la table ronde du forum sur les repas scolaires

Le Village Culinaire : un laboratoire vivant
Chaque jour du forum, des binômes composés chacun d’un chef et d’un scientifique ont proposé des recettes créatives et pédagogique à base de fonio, baobab ou pois de terre, tout en expliquant leurs vertus nutritionnelles, climatiques et économiques. Le public a pu réfléchir à des solutions concrètes pour soutenir la production locale et intégrer ces cultures dans les politiques publiques. Les panels et les ateliers ont été le théâtre de riches échanges entre producteurs, décideurs, chercheurs et grand public, renforçant une vision collaborative de la transformation agroalimentaire africaine.
De la terre à l’assiette, le forum a aussi célébré la richesse culinaire du continent avec un concours autour du jollof rice*, mettant en avant la diversité et le patrimoine gastronomique africain.

→ Pour Rémi Hémeryck, Délégué général de SOS SAHEL « Il s’agit de valoriser les cultures oubliées non seulement pour leurs bénéfices agricoles, économiques et culturels,
mais aussi pour leur contribution à la résilience climatique et à la diversité nutritionnelle. »

Une vision pour l’avenir
SOS SAHEL et l’ACA montrent avec le Village Culinaire et le Manifeste que l’avenir alimentaire de l’Afrique se construit à partir de ses propres racines. L’objectif : renforcer la production locale, soutenir les femmes et les jeunes producteurs, développer des innovations et créer des marchés durables et équitables.

→ « Leur rôle [ des cultures oubliées] ne se limite pas aux familles et aux foyers, il s’étend aussi au niveau national, avec des pays qui développent leur production pour exporter, passant du statut
d’importateurs nets à celui d’exportateurs. C’est un changement considérable.», mentionne Dr. Wanjiru Kamau-Rutenberg, Directrice Afrique de l’Alliance Biodiversity International et CIAT.
Aujourd’hui, l’appel est lancé : mobiliser les acteurs publics, privés et de la société civile pour accompagner cette révolution douce des systèmes alimentaires africains, en plaçant les plantes oubliées au centre des politiques et marchés. C’est une invitation à redécouvrir un héritage ancestral transformé en solution d’avenir, porté par la créativité des chefs, la rigueur des scientifiques et l’engagement des communautés agricoles.

→ « L’Afrique doit prendre les choses en main. Nous ne devons pas transférer nos problèmes à d’autres. Nous devons être notre propre solution. L’Afrique est une terre d’opportunités, et c’est à nous de transformer cette opportunité en prospérité. » – Amath Pathé Sene, directeur général de l’Africa Food System Forum
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