Dans la Province du Guéra au Tchad, les femmes agricultrices se sont organisées en groupements afin de s’entraider et faciliter leur quotidien.
Elles s’appellent Zenaba, Fatime, Ache et Kadija. Quatre femmes de la province du Guéra, au Tchad, présidentes de groupements de femmes. Rompant avec la place qui leur était traditionnellement attribuée, elles ont entrepris de mettre en commun leurs compétences et leur savoir-faire d’agricultrices pour subvenir aux besoins de leur foyer. « Dans la vie, notre objectif principal est de nourrir nos enfants et faire le maximum pour les envoyer à l’école. Aujourd’hui, tous nos enfants vont à l’école ! », nous disent-elles fièrement.
Depuis qu’elles se sont organisées en groupements il y a une dizaine d’années, tout est plus facile et leur quotidien a changé.
Au départ, elles ont commencé par se cotiser pour acheter des semences de sésame et d’arachide et ont cultivé ensemble leur champ. Suite à la récolte, elles ont stocké l’arachide et le sésame dans leur magasin. Elles ont réservé une partie pour les semences qu’elles se sont réparties et ont vendu le reste. Chacune a pu cultiver son propre champ. Pour gérer le groupement, elles ont mis en place un comité de gestion rotatif composé de trois à quatre personnes, qui tournent chaque semaine, chargées de la vente des produits récoltés et de la répartition des revenus. Ce système de solidarité permet de soutenir notamment les femmes qui se retrouvent seules, à répondre aux besoins de leur famille. Par exemple, quand une femme a besoin d’une avance pour des frais de santé ou d’inscription à l’école et les fournitures de ses enfants, elle peut obtenir un prêt auprès du groupement. « Si nous rencontrons une difficulté, nous savons que nous pouvons être aidées donc cela allège énormément notre quotidien et notre esprit », nous disent-elles d’une voix.
Dans ce cadre de confiance mutuelle, les femmes du groupement ont également pris de nouvelles initiatives comme la création d’un jardin maraicher où elles cultivent de l’oseille, de la salade, des haricots…Une partie des produits servent à la sauce pour nourrir leurs familles et elles vendent le reste au marché. Elles mettent une partie des revenus dans la caisse commune et utilisent l’autre partie pour leur foyer.
Si l’année est bonne, elles traversent la période de soudure sans difficulté. Mais ces dernières années, avec le changement climatique, elles ont été confrontées au manque de pluie et dès le mois de mars, le puits était déjà tari. Lorsque les récoltes s’avèrent insuffisantes pour couvrir les douze mois de l’année, elles vont travailler dans d’autres champs et elles sont payées.
Focus : La Fédération Almouna, une association féminine de lutte contre la malnutrition et les violences faites aux femmes à Mongo, dans la Province du Guéra
Entretien avec sa secrétaire générale, Mme Fatimé Gallet :
« Notre objectif est que les femmes soient autonomes afin de pouvoir prendre en charge les besoins de leurs enfants dans la santé et l’éducation.
A Mongo, pour venir en aide aux femmes, l’association Almouna a été créée en décembre 2002 afin de lutter contre la malnutrition et les violences faites aux femmes. Nous produisons de la farine enrichie et nous possédons un champ communautaire qui permet une entraide entre les femmes membres d’Almouna. Pour anticiper et traverser la période de soudure, nous avons loué des magasins de stockage de mil, d’arachide et de haricots. Cette année, nous avons ravitaillé 1150 enfants malnutris et inscrit des enfants à l’école lorsque les familles n’en avaient pas les moyens. Nous souhaiterions multiplier nos activités car aujourd’hui notre fabrication de farine enrichie est insuffisante. Nous produisons 1000 sachets de 250 gr par mois. Or le nombre d’enfants malnutris dans notre province est élevé. »