Accompagner une solution locale à l’insécurité alimentaire, contribuer à l’accès à l’eau et à un travail décent pour les populations vulnérables du sud-est du Sénégal, tel est le défi que souhaite relever SOS SAHEL. Depuis mai 2021, l’initiative Djigui Niokolo soutient le développement de la région avec des solutions portées par les habitants et respectueuses de leur environnement.
Les actions sont ciblées sur les régions de Tambacounda, Kédougou et Kolda, toutes trois limitrophes du parc national du Niokolo-Koba, classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Elles font partie des régions les plus pauvres au Sénégal.
La faible productivité agricole et l’insécurité alimentaire qui en découle, prennent racine dans la crise alimentaire de 2012. Les familles sénégalaises sont encore impactées par les conséquences de la sécheresse de l’hiver 2011, qui a causé un vide dans les ressources alimentaires
Mais par des modèles d’agriculture respectueux des sols, SOS SAHEL et ses partenaires entendent bien redynamiser la région par la terre. En effet, le Sahel regorge de trésors souvent mis de côté aux profits des produits importés. L’action Djigui Niokolo – littéralement « espoir dans le Niokolo » – vise notamment à renforcer une des richesses de la région : le fonio. Cette céréale perce de plus en plus le marché international et pourrait devenir aussi populaire que le Quinoa.
Une agriculture saine et génératrice d’emplois, oui mais comment ?
Djigui Niokolo veut améliorer la gestion des ressources naturelles pour garantir la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau de 9 communes dans les régions ciblées. Il s’agira de développer une agriculture familiale durable et résiliente auprès de 1 200 producteurs sur le terrain. Et ce, au moyen de l’agroforesterie et des systèmes agro-sylvo-pastoraux adaptés au changement climatique.
Ces systèmes associent le pastoralisme (activité d’élevage utilisant les pâturages) et l’agriculture dans un environnement forestier, pour utiliser de manière optimale et respectueuse la productivité des sols. C’est en conciliant la gestion des ressources naturelles et les activités humaines que les terres en sortiront plus fertiles et en accord avec la biodiversité.
L’initiative cherche aussi à renforcer la filière « fonio », une céréale prometteuse pour la région car elle s’adapte aux sols dégradés et aux aléas climatiques. La modernisation de la chaîne de production du fonio générera de nouvelles opportunités économiques, surtout pour les jeunes et les femmes de la région.
Le changement des pratiques agricoles ne suffit pas totalement comme réponse à l’insécurité alimentaire. C’est pourquoi Djigui Niokolo entend accroître l’accès des populations vulnérables aux services sociaux de base dans les 9 communes. Pour renforcer la santé nutritionnelle et l’hygiène alimentaire des femmes enceintes/allaitantes et des enfants de moins de 5 ans, l’initiative renforcera l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Consolider la gouvernance locale
Nous travaillons avec nos partenaires en privilégiant un processus de changement qui s’appuie sur les ressources naturelles et humaines des communautés locales. Des partenaires locaux tels que l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA) seront pleinement impliqués, notamment pour le développement et la diffusion des modèles agroforestiers.
« Notre ambition est de créer de nouvelles opportunités économiques pour les jeunes et les femmes en promouvant l’agroforesterie et en renforçant la filière fonio. D’ici 2024, l’objectif est de former 1200 producteurs et productrices de fonio et augmenter leurs revenus agricoles de 25% et le rendement de fonio de 30% », explique Diégane Ndiaye, notre directeur multi-pays et chef de projet de Djigui Niokolo. Plus que produire, « il s’agira également de structurer la chaîne de transformation et de commercialisation de cette céréale traditionnelle ». Riche en protéine et sans gluten, le fonio a un fort potentiel avec une demande croissante aux Etats-Unis et en Europe.
Si Djigui Niokolo s’inscrit dans le développement local et donc sur un périmètre réduit au Sénégal, il apporte des réponses à des enjeux de niveau international. Le développement de l’agro-écologie, la préservation des ressources et milieux naturels, l’insécurité alimentaire, la place des femmes et des jeunes dans les sociétés : autant de problématiques qui représentent le cœur des difficultés de développement de la bande sahélienne. La réussite de cette action entend être une revanche pour la région sud-est du Sénégal, mais surtout de l’espoir pour toute une région africaine.