Au nord de Djibouti, autour de la ville Tadjourah, la population pratique l’élevage caprin traditionnel comme moyen de subsistance. La région est marquée par des niveaux de pauvretés élevés, avec 60 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté. Les moyens des communautés d’éleveurs sont limités pour faire face à l’insécurité alimentaire. SOS SAHEL aux côtés des associations locales, ont pour stratégie de redynamiser la filière caprine (élevage de chèvres) afin de renforcer la résilience des éleveurs face au changement climatique.
À Tadjourah, les chocs climatiques sont intenses et ont fortement affaibli le capital productif des populations rurales. Le changement climatique décime les bétails et détruit les récoltes. La communauté rurale se retrouve elle-même à souffrir de l’insécurité alimentaire. Face à cette situation, la Corne de l’Afrique a pourtant tout à gagner en misant sur ses activités agro-pastorales. Les Nations-Unies l’ont rappelé dans leur rapport sur les aliments issus de l’élevage – publié le 9 juin – affirmant le rôle essentiel de cette production pour lutter contre la faim dans le monde.
Encourager l’élevage de chèvres pour renforcer la résilience des éleveurs djiboutiens.
Pour redynamiser la filière caprine, avec l’aide de nos partenaires locaux, nous voulons introduire de nouvelles techniques de production et d’élevage pour plus de durabilité et de rentabilité. Ainsi, nous appuierons l’installation de 10 fermes caprines modernes dans 10 localités de la région de Tadjourah. Comme l’explique notre coordinateur de projet à Djibouti – Boubie Kadio – notre but est de « restaurer le cheptel caprin en introduisant des races locales sélectionnées sur leur capacité d’adaptation aux conditions arides de ces localités ».
Lait, viande, fromage, beurre, cuir, l’élevage caprin offre une variété de produits à valeur ajoutée qui ont une forte demande au niveau national. C’est pourquoi nous voulons tout autant développer la transformation et la commercialisation de ces produits, notamment en créant une boucherie et une laiterie. De l’élevage à la commercialisation, nous allons également renforcer l’emploi des femmes. Avec ce projet, c’est plus de 500 femmes qui pourront exploiter ces fermes.
« Nous avons eu la chance de mener l’expérience dans une des localités de Tadjourah, où les femmes se sont fortement investies. Nous avons pu mettre à leur disposition 50 chèvres et en une année, elles ont augmenté la production de 50 %. Cela nous a amené à comprendre que l’élevage caprin est une activité louable, appréciable et acceptée par la communauté. »
Boubie Kadio – Coordinateur de projet à Djibouti pour SOS SAHEL
Le pastoralisme ou la clé de voûte du système d’élevage sahélien
À Djibouti comme dans le reste du Sahel, il est difficile d’envisager l’élevage sans la mobilité des cheptels, en raison des vastes zones arides et aux sècheresses. Ainsi la région est dominée par une pratique ancienne : le pastoralisme. Le troupeau se nourrit de surfaces naturelles pâturées lors de migrations périodiques, et ce à l’échelle régionale comme interrégionale.
Contrairement aux idées reçues, l’élevage mobile est bien productif dans cette région aride. En réalité, plus le bétail est mobile, plus sa production est forte. Dans le contexte du climat sahélien, c’est aussi une réponse efficace contre de nombreux risques pour les éleveurs comme la sécheresse ou même l’insécurité civile.
De plus, cet élevage extensif permet également d’entretenir les ressources naturelles grâce à la régulation du pâturage. De même, il participe à la régénération de nombreuses espèces végétales grâce à la dispersion des semences.
Nous croyons en ces qualités du mode d’élevage sahélien, c’est pourquoi nous voulons investir dans le potentiel de la région de Tadjourah et son expérience dans l’élevage caprin traditionnel.