LE POTENTIEL DES RÉGIONS ARIDES

LE POTENTIEL DES RÉGIONS ARIDES

L’ENTRAIDE INTERNATIONALE DU POINT DE VUE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE EN MATIÈRE DE LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION ET DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : MIEUX MOBILISER LES ACTEURS POUR UN PARTAGE D’EXPÉRIENCE

Le Sahel couvre environ 43% de la surface du continent africain. Sur une population de plus de 300 millions d’habitants, plus de 30 millions de personnes font face à des problèmes chroniques d’insécurité alimentaire. Mais, les zones arides, comme le Sahel, peuvent être aussi considérées comme des territoires d’opportunités.

LE POTENTIEL DES RÉGIONS ARIDES

Les ressources naturelles et humaines sont largement disponibles dans les zones arides. Elles peuvent constituer un levier d’investissement permettant d’atteindre une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable en Afrique : aujourd’hui, seulement 20% du potentiel d’irrigation est effectivement développé au Sahel ; 40% de terres dégradées constituent une réserve non négligeable de production si elles sont restaurées ; 50% de la population a moins de 25 ans et, en zone rurale, l’accès à l’énergie reste à développer pour 95% de la population.

LA MOBILISATION DES ACTEURS, UN DÉFI MAJEUR POUR L’EFFICACITÉ DES POLITIQUES INTERNATIONALES

Pour remédier aux défis environnementaux, y compris le changement climatique, aux crises et aux effets économiques et sociaux, il existe encore un manque de collaboration systématique pour partager de manière inclusive les meilleures expériences et pratiques entre les communautés locales et pour les mettre en oeuvre à grande échelle. Bien qu’il y ait des progrès prometteurs sur le développement, aujourd’hui, la plupart des personnes du Sahel vivent sous le seuil de pauvreté. Les projections démographiques prévoient une croissance notoire de la population qui pourrait atteindre plus de 500 millions d’habitants d’ici 2050 dans les pays du Sahel seuls. Le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (PDDAA) est l’effort de réforme agricole le plus volontaire et le plus complet jamais entrepris en Afrique. Cette décision de l’Union africaine et du NEPAD représente un changement fondamental. En positionnant l’agriculture comme une question centrale, les gouvernements africains ambitionnent d’atténuer la pauvreté et d’éradiquer la faim d’ici 2025, une priorité incontournable pour atteindre les objectifs du développement durable (ODD).

Également, l’Initiative de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel constitue l’une des opérations les plus ambitieuses au monde pour l’adaptation aux changements climatiques. La concrétisation des accords de Paris de la COP21 passe notamment par la réhabilitation des écosystèmes en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité (ODD 15). A l’échelle de 12 pays, le projet BRICKS a permis aux acteurs gouvernementaux, scientifiques et opérateurs de terrain de sélectionner les meilleures pratiques diffusables à grande échelle. Les technologies d’observation spatiales offrent aujourd’hui la possibilité de suivre les impacts à long terme des mesures de conservation et de restauration de la biomasse terroir par terroir. A Accra, en mai 2017, les partenaires du BRICKS ont néanmoins mesuré le long chemin restant à accomplir pour concrétiser l’intégralité de la Grande Muraille Verte. Outre l’engagement politique de tous les pays et la mobilisation de ressources, le renforcement des capacités et l’appui aux communautés locales demeurent des conditions incontournables de la réussite de ce grand projet à impact planétaire. Elle demande également une action massive pour une gestion durable des terres, tel que l’ambitionne l’initiative de restauration du paysage forestier africain avec 100 millions d’hectares de terres restaurées en Afrique d’ici 2030.

Soutenir des filières économiques comme celle de la gomme arabique, un produit forestier non ligneux produit exclusivement dans les forêts sèches du Sahel, peut contribuer de manière significative à la résilience des communautés pastorales et agraires du Sahel.

Au Tchad, la gomme peut apporter jusqu’à 40% des revenus monétaires de plus de 300 000 familles en exploitant la ressource, mais la pérennisation de cette ressource naturelle reste un défi majeur. Un réseau régional pour la gomme et les résines en Afrique (NGARA) a été initié par différentes parties prenantes qui se compose à la fois des États, de la gouvernance régionale et de l’organisation de la société civile, y compris les communautés locales. Le NGARA contribue à la stratégie harmonisée régionale qui motive les acteurs à travailler ensemble et s’attaquer aux difficultés rencontrées dans les zones arides, telles que les problèmes politiques et environnementaux. Afin d’améliorer les politiques et adopter les meilleures pratiques et techniques, il s’agit de mettre à l’échelle les solutions qui garantissent l’intérêt de tous les acteurs de la gomme et des résines. L’initiative NGARA regroupe 13 pays africains, le processus d’animation est dirigé principalement par l’Union africaine et les représentants de l’État et de la FAO, avec l’appui de SOS SAHEL qui apporte son expertise pour la mise en oeuvre sur le terrain. Lancée en décembre 2012 à Ouagadougou, l’Alliance globale pour la résilience (AGIR) est un cadre favorisant plus de synergie, de cohérence et d’efficacité au service des initiatives de résilience dans les 17 pays ouest-africains et sahéliens. Placée sous le leadership politique et technique de la CEDEAO, de l’UEMOA et du CILSS, l’Alliance s’appuie sur les plateformes et réseaux existants, notamment le RPCA. Cet outil a vocation à fédérer les efforts des acteurs de la région et de la communauté internationale autour d’un cadre commun et partagé de résultats. SOS SAHEL est une ONG africaine internationale avec 40 ans d’expérience et d’expertise agissant dans 11 pays du Sénégal à Djibouti. L’initiative 2025 sur la sécurité alimentaire et la nutrition de SOS SAHEL est une action intégrée. Elle vise à unifier les actions destinées à contribuer aux ODD en associant l’ensemble des acteurs de développement autour d’une plateforme systématique privilégiant une approche territoriale, la mise à l’échelle de systèmes de production adaptés et le développement de services durables.

UN CAMP EN TERRES ARIDES POUR RÉUNIR EXPÉRIENCE, MOYENS ET RÉSEAUX COMPLÉMENTAIRES

En 2015, SOS SAHEL et le Fonds Livelihoods ont réuni à Ouagadougou plus de 150 praticiens issus de 26 pays autour d’une plateforme unique d’échanges et de collaboration rassemblant des acteurs de différentes spécialités. A l’occasion de l’année Africaine de l’agriculture familiale il s’agissait de sensibiliser les acteurs de terrain sur les solutions efficaces et d’engager un travail collaboratif avec les Etats. Les expertises existent mais ne sont pas diffusées à grande échelle.

De nombreux défis demeurent notamment pour le développement de technologies accessibles aux petits producteurs des régions sèches, en particulier la téléphonie mobile, la petite mécanisation et les énergies renouvelables, et les infrastructures de transport. Les agricultures familiales africaines sont également confrontées à des obstacles majeurs : la faiblesse des rendements moyens à l’hectare, l’impact du changement climatique qui nécessite le développement de modèles agricoles résilients, le faible niveau de formation générale et technique de beaucoup de producteurs, l’insuffisante structuration de filières de commercialisation et de valorisation.

Les expérimentations se multiplient depuis quelques années à l’initiative d’acteurs divers. Beaucoup de connaissances ont été accumulées dans des domaines variés. Un des enjeux est de connecter ces savoir-faire et de les rendre appropriables par le plus grand nombre d’agriculteurs et d’agricultrices. Le Camp Livelihoods est basé sur une approche de «co-création» entre des acteurs et des démarches complémentaires : chercheurs ayant développé des connaissances sur les techniques les plus efficaces en agriculture familiale durable; ONGs ayant déployé ces activités avec des communautés paysannes sur une grande échelle ; compétences des entreprises privées pour faciliter l’accès des producteurs ruraux aux marchés, au crédit et à la technologie, apport des institutions publiques an matière de politiques d’appui au développement. Le Camp Livelihoods 2015 a permis la mobilisation de plus de 50 initiatives exemplaires et la réalisation d’un ouvrage coproduit par l’ensemble des participants : Agriculture familiale 10 recommandations à partager pour les acteurs de terrain.1 Nous devons renforcer les mouvements de base capables d’interagir en co-construction dans les processus politiques pour relever le grand défi de l’adaptation au changement climatique et la sécurité alimentaire des prochaines décennies : «La restauration des terres est interconnectée avec la restauration de la résilience des population, leur identité et leur confiance dans le futur » 2

1. SOS SAHEL / Livelihoods Venture: http://www.livelihoodscamp2015.org

2. Dr Dennis Garrity : UNCCD drylands Ambassador Article de Rémi HEMERYCK, Délégué général de SOS SAHEL. Extrait de la revue Liaison Énergie-Francophonie n°105: Désertification et système terre, de la (re)connaissance à l’action. https://www.ifdd.francophonie.org/ressources/ressources-pub. php?id=1

 

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